Frédéric Abergel

 

Les notes

 

Le flot des notes, lent et puissant, embarque sans prévenir.

Le mouvement né, on est bien emporté aux rondes des bassons, aux cornes gravissimes, aux lointaines percussions. Le corps en vibration tout entier accompagne, on se croirait dormir dans une cage ondulante.

Quand soudain ! Ardeurs aigrelettes, légèretés métalliques, aiguilles et vaguelettes qui pincent les nerfs. Les aigües sont arrivées, impossible de lutter. Leur chemin dégagé, les notes circulent, contournent les défenses, elles s’invitent au fond de l’inconscience. Là où ça pleure. Là où ça crie. Là où ça jouit. Les notes électriques déchargent et s’incrustent. Piercings au cerveau, aimables banderilles, acupunctrices de l’esprit, elles transpercent en douceur.

Et les larmes suivent.

 

°

 

Attention

 

Une forme inusitée d’attention perdue, de rentrée de colère, provoque le retour apeuré aux racines arrachées, paresseuses historiées de lions atones et dragons factices.

Allons !

Il faut enfiévrer la vie d’un mouvement à l’envi, décollage sans retour propulsé d’hélices enivrantes qui affichent sans trêve leurs véloces appétits.

Puis se taire, face au ciel.

 

 





Frédéric Abergel, enseignant-chercheur en mathématiques, voyage(ait) beaucoup, va souvent visiter les montagnes proches ou lointaines. Son « paradis » personnel est en Grèce. Signe particulier : marche, tout le temps, dans Paris, à la campagne ou ailleurs. Écrit depuis longtemps, publie parfois, poste sur http://gasteropode.org des billets consacrés à la marche et la gourmandise, et sur http://courts-ecrits.org des textes courts et poétiques. Présent dans le n° 68 de Lichen.

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