In girum imus nocte
Comme on s’accroche à sa douleur
on finit par en tomber raide
lui trouver un charme pervers
des modulations de couleurs
la sacrer dans les interstices
reine mètre étalon de nos nerfs
nos aspirations esthétiques
nous naviguons en haute mer
dans une globale indifférence
aux oscillations de surface
restes de pensées parasitaires
issues de la fonte des glaces
épaves inégalitaires
pointant le bout de leurs carcasses
lors de risibles équinoxes
c’est la mer régénérescence
celle de tous les matins du monde
c’est le fleuve des poèmes nus
rougissant d’indélicatesse
des passages des évangiles
des joies et terreurs infantiles
des traductions de vers latins :
« nous tournons en rond dans la nuit »
des restes d’authenticité
témoignent des premiers naufrages
inlassables il faut recoller
ce que l’érosion endommage
on commence juste à goûter l’aube
sa vitalité effective
quand on sait que les jours mutilent
dans la glace nos gueules cassées
Né en 1985, François Audouy est l’auteur d’un recueil de nouvelles autour du rock (Brighton Rock(s), L'Écarlate, 2011) et d’un essai (Antonin Artaud, le sur-vivant, L’Harmattan, 2016). Originaire de la région parisienne, il vit depuis 2021 à Dakar où il enseigne dans un lycée français. Il écrit également des poèmes, qu'il publie sur son site (https://francoisaudouypageauteur.com) ou dans des revues (Traction-Brabant, Comme en poésie, Traversées, Nouveaux Délits...). Présent dans le n° 86 de Lichen.
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