Francis Leroy

 

Le printemps vient 

 

Le printemps s’engouffre 

par la fenêtre ouverte

se répand dans nos veines

se répand dans nos cœurs

Des armées d’arbres fleuris

défilent dans les rues bruyantes

chevauchent les places principales

dégringolent les escaliers de pierre

Le corps glisse sa carapace

les marmottes s’envolent vers les rivières

et les ours survivants dénichent les ruches bourdonnantes

J’ai connu des printemps fragiles

qui ne tenaient qu’à un fil

celui qui me reliait à vous

J’ai connu des printemps gris

dans le brouillard de ma tête

des printemps amers 

qui ne passaient pas l’hiver

J’ai connu des printemps bruissant

de chuchotements

de caresses fugitives

mais combien de mes amis 

ne connaîtront plus le printemps 

ne connaissent déjà plus le printemps

étendus dans la glaise

ou dispersés aux points cardinaux

génies assassinés par le temps

rois de mars et compagnons du silence

qui pour leur fin de saison

ne demandèrent ni fleurs ni couronnes

 

 




Né en 1948, Francis Leroy, fonctionnaire territorial retraité, écrit des poèmes depuis l'âge de 14 ans (premiers poèmes publiés dans la revue ardennaise La Grive à 15 ans). Il a publié (à compte d'auteur) Miroirs de la mort errante (1979) et Demain sera encore bleu (1995). La revue La Nouvelle Proue a accueilli certains de ses poèmes, ainsi que des revues « undergrounds » et éphémères, dont Mansarde et La Taupe Molle (qu'il avait lui-même créées). Présent dans le n° 56 de Lichen.

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