Fidèle Mabanza

 

la nuit arrive tôt

 

dans la chair de mes nuits

il y a quelques larmes

sous le feuillage d’hiver

il y a dans mon visage assimilé

le creusement de sillons 

l’entaille de l’espérance

 

il y a du sang

dans les mains ouvertes

dans le regard triste

un peu de sueur

restée sur la route

dans l’attente de la fin du jour

 

°


comme les enfants

 

dans la bouche des enfants, il y a simplement des mots. il y a aussi les dessins dont ils ont toujours rêvé la venue au jour. quand ils marchent, il y a des lettres qui suivent leur pas. elles se tissent, se tricotent, s’entrechoquent comme des pierres jetées sur leurs routes. quand ils croisent le chemin de celles et ceux qui les ont précédés, ils s’offrent sans indifférence, souriants, inoffensifs. 

ils marchent comme on danse, avec le plus grand désir d’être là. ils ne trichent pas et savent qu’ils n’ont rien inventé. quand on leur parle des dieux, comme ça les amuse. ils n’ont que faire des religions. ils préfèrent psalmodier la vie. ils voient toujours plus loin que la fin de leurs orteils. ils savent que la terre est sous leurs pieds. ils ne savent pas qu’ils sont enfants.

 

 





Fidèle Mabanza, poète formé à la philosophie et à la théologie, est président et co-initiateur du Prix de la Revue lancé par La Cave Littéraire de Villefontaine, Maison de poésie. Il écrit de la poésie depuis plusieurs années et vit dans le Nord-Isère. Membre du comité de rédaction de la revue Rhizome où il est aussi publié, il est présent dans les revues ArpaÉcarts d’identitéRhizome et VersoOmbre, silence et poème (éditions +, Paris, mai 2020) est son deuxième recueil. Présent dans les n° 55 et 56 de Lichen. Ces deux poèmes sont inédits.

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