1
au bord des abîmes ténébreux
la nuit jonchée des épines hostiles
tombe près des arbres de discorde
plantés à la frontière de terre
la nuit fatale reçoit du silence
les cris sans égide des enfants
qui extraient à main nue le cobalt
et passent leur jeunesse dans la rue
dans la nuit creuse
je les entends pousser des cris
je les entends chanter et hurler
la misère de leurs atroces journées
travaillant et vivant dans l’enfer du cobalt
j’entends les cris de la parole dépareillée
j’entends la langue trouble du verbe sans chair
sous la terre raide où gisent parmi les morts
leurs beaux corps d’enfant
8
je voudrais égayer la sève de la palabre,
je voudrais être comme un silence
je voudrais être un papillon
je voudrais être la joue qui reçoit le baiser
je voudrais être la première balle du chargeur
je voudrais me taire pour rendre témoignage
Fidèle Mabanza, poète formé à la philosophie et à la théologie, est président et co-initiateur du Prix de la Revue lancé par La Cave Littéraire de Villefontaine, Maison de poésie. Il écrit de la poésie depuis plusieurs années et vit dans le Nord-Isère. Membre du comité de rédaction de la revue Rhizome où il est aussi publié, il est présent dans les revues Arpa, Écarts d’identité, Rhizome et Verso. Ombre, silence et poème (éditions +, Paris, mai 2020), dont sont tirés ces deux poèmes, est son deuxième recueil. C'est sa première apparition dans Lichen.
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