Félix P.


Le sel du sable

Prends tes bottes et range-les dans ton placard. Sortons, dehors nous attend un écran de fumée. Regarde à l’intérieur de toi, souffle. Maintenant ressors et ferme les yeux. Pense aux lapins, au romarin, à la garrigue généreuse. Oublie les femmes savantes. Cours. Vois, ris, bois, joie, roule, crois, crie.  

Plie tes bagages, on s’en va. C’est fini tout ça. Allez, sinon on ne partira jamais. On le doit d’un côté, c’est fini tout ça. Ça reste là en nous, mais on doit l’accepter, c’est comme ça. 

Dans les sables fermes de la Camargue, pas de bitume. Le fleuve puissant charrie les cadavres végétaux de la vallée du Rhône. Troncs transportés sur le cours du fleuve, ces vestiges s’échouent sur ce paysage lunaire et désertique aux côtés des flamants roses et des marais salants. La nature est très forte, elle emporte tout sur son passage. 

Mets tes chaussures, tu vas te couper les pieds. 

L’enfant court dans les dunes. Les herbes folles sortent du sable comme des épis au-dessus de la tête. Un terrain vague de pensées. L’imaginaire à perte de vue. Les souvenirs perdus. Rien. 

Tout commence là où tout s’arrête. 







Né à Marseille en 1988, Félix P. a grandi où les rues se jettent dans la mer. Curieux et sensible, il aime se plonger et s'envelopper dans ses souvenirs d'enfance et écrit ainsi de petits poèmes. Il aime beaucoup Francis Jammes et vit désormais à Paris. C'est sa première apparition dans Lichen.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire