Ni le jour ni la nuit ne font de bruit
les viscères, les os et les tendons
tombent dans un puits
et le seau qui descend au fond
hésitant de plus en plus, inhabituel
jusqu’à vider la soif de son sel
ni le jour ni la nuit ne font momie
la corde se tend
des poignets aux chevilles
tout autour friables comme coquilles
ni le jour ni la nuit ne changent
au-delà de la vieillesse sans fin
le linceul brûlé
que l’on fuit
du blanc au blanc
ne dites pas qu’il est minuit
tout s’est éteint dans le gris.
&
Je manque d’yeux pour regarder le monde
Ne saisis que le guère dans un enclos
Et voyage léger dans le temps immobile
Visible par brèches
Dehors ou dedans, je demeure pièce rapportée
Cousue à même la chair de ma généalogie
Décousue d’un amour qui refuse de s’effacer
Je suis comme vous composée de souffles, de silences et d’une attente
Inouïe.
Fabienne Roitel vit au Québec depuis 1986. Elle publie son premier livre Couvre-feu en 1999 (Lanctôt éditeur, Montréal) et suit jusqu’alors un parcours météorologique. Gouttière de ciel, De l’amour et des restes humains, Mirabelles cantatrices, À Claire-voie… suivront. Son dernier recueil, Généalogie des lieux vient de paraître. C'est sa première apparition dans Lichen.
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