Poème du pied de l’immeuble
À Abdelkader Djemai
Ne fais pas le dos rond une fois encore
Devant la nudité angoissée
Que la rue sans peur
Voudrait faire disparaitre
(Dans le bruit sans fureur)
De ces milliers de vies entrecroisées,
Dans cette partie émergée qu’elles laissent à voir,
Laisse le soin au tumulte extérieur
De troubler le tien,
Car il s’agit bien ici d’un soin.
Deux tumultes se rencontrent
Qui se figurent en guerre,
Mais, au bout d’une victoire à la Pyrrhus,
Une fois épuisés dans le creux de ton ventre,
Rentre chez toi,
Et passe outre,
Car où est le trajet qui n’est pas outragé ?
La vie en offre tant,
Dans la répugnance des répétitions ou dans leur joie
Dans le plomb de l’esprit
Ou la peur de l’âge
Dans l’affleuré de l’instant
Ou dans l’âme d’aucuns.
Dans la joie souillée qui lave la route.
Fabien Sanchez, romancier, nouvelliste et poète, est né en 1972 à Montpellier, où il vit toujours. Pour lui, « écrire consiste à recoller les morceaux devant l’énigme de ce qui s’est cassé ». Il a, à ce jour, publié trois recueils de nouvelles, deux romans et deux recueils de poèmes aux éditions La Dragonne, Les carnets du dessert de lune et Al Manar et un troisième recueil de poèmes aux éditions Tarmac. Présent dans les n° 30, 31, 32, 48, 59, 60, 61, 69, 70, 71 et 72 de Lichen. Ce texte est issu du manuscrit en cours Lueurs de Bagnolet.
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