Ginsberg, quitte un peu ton linceul blanc
Je t’emmène à Belleville par ce beau temps
Tu me l’as dit : tout est si bref
On sait qu’il nous faudra tout abandonner
J’ajoute : même nos rages dedans
On a tous peur de ne faire que chuchoter près d’un
Lit d’hôpital
Mais viens à Belleville
Tu n’es plus prisonnier d’Allen Ginsberg aujourd’hui
Je sais que désormais tu vomis de l’air
viens en prendre une bouffée avec moi
qui ne sais plus ni douter ni croire.
Viens,
j’en ai assez aujourd’hui de cette vie qui fait l'appel,
chaque jour,
pour recenser les absents.
*
Laisse le doute souffrir d’être absent
Guéris-toi de sa présence au monde
Car dans la maladie de sa présence
nous sommes
quelques-uns à être là
sans moyen
— d’en sortir,
malades et guéris
d’être
présents,
guéris et malades
d’être absents
Nous en sommes tous là,
où la fraternité trouve son lieu.
Fabien Sanchez, romancier, nouvelliste et poète, est né en 1972 à Montpellier, où il vit toujours. Pour lui, « écrire consiste à recoller les morceaux devant l’énigme de ce qui s’est cassé ». Il a, à ce jour, publié trois recueils de nouvelles, deux romans et deux recueils de poèmes aux éditions La Dragonne, Les carnets du dessert de lune et Al Manar et un troisième recueil de poèmes aux éditions Tarmac. Présent dans les n° 30, 31, 32, 48, 59, 60 et 61 de Lichen. Ce texte est issu du manuscrit en cours Lueurs de Bagnolet.
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