Claire Lucie Maignien

 

 

Ticket de caisse

 

Froisse-t-on un humain chaque fois qu'on chiffonne un ticket de caisse?
Les aurores trépassent, la nuit en personne a perdu le fil.
Et chaque instant creuse un peu plus la fosse de mes interrogations.
Pourquoi ce besoin, cette fièvre d'acquérir ? Cette illusion qu'un plaid en plus, une autre bougie parfumée, un blouson brodé apaiseront mon puits sans fond? Du bonheur sous blister, des plaisirs emballés de vulgaire papier bulle, des satisfactions en promotions. Rien ne va changer. La chute habite à même la progression.
Murmures nocturnes des rocailles, nulle eau pour étancher la soif.
Personne ne prend ma main, personne ne m'embrasse, personne ne m'enlace.
Le pire, c'est qu'on est tous pareils.
On erre et cette aliénation, cet isolement, cette rage sourde s'accroissent.
On hurle, et on valse on valse on valse, à deux doigts de partir en nausées ou de rejoindre l'éphémère dessin de la fumée.
On hurle et on espère être connu, embrassé, embrasé pour qui on est.
Être indispensable, unique, solaire, lunaire, stellaire, un génie aux utopies mutables et aux cauchemars mutiques. On consomme et on attend. Des'entre-révéler enfin. Que se révoltent nos matins. 

 

Claire Lucie Maignien

« Écrire est ma plus belle façon d’exister. Dans  les parcours labyrinthiques ou sur les sentiers de mes joies, la poésie me guide, tel un  fil d’Ariane. », dit-elle. Deux recueils ont été publiés en 2018 : Dans ce miroir, nos renaissances (sous le pseudonyme Mona-Claire Milonin) chez iPagination et À un cœur étourdi dans les virages du temps (sous le pseudonyme Jazz Houria Maïdi) chez Édilivre. Présente dans les n° 55, 56, 57, 62, 63, 66 ,67, 72, 73, 74, 78, 79 , 82. et 91 de Lichen.


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