Un
glissement sur la ville...
Le
refoulé est dans et hors la ville.
L’indésirable
est expulsé à la périphérie du vivant. A tout prix, cette chair
nauséabonde de la ville est à éradiquer. C’est impérieux,
pressant, la menace piétine…
Le
cri est muselé, dressé à l’immobilité, pourchassé à l’extrême
lisière d’une multitude qui se frôle.
La
ville refoule ce qui la constitue, elle déchire les lambeaux qu’elle
ne reconnaît pas, elle ne veut pas de morceaux étranges.
L’étrangeté l’étouffe, elle se sent menacée et craint, on ne
sait quel péril.
Pas
de poussière pour accueillir le désespoir. Les trottoirs brillent
comme des décors de théâtre.
Au
surgissement du matin, les pas y glissent sur une délicate vapeur à
l’effluve quasi chirurgicale qui laissera chaque jour, recommencé,
la place au rien.
Pas
de traces, pas de débris, pas d’infime manifestation de mouvements
d’humains. A l’aube, dans l’inconscience du sommeil, toute
marque insoupçonnable sans relâche traquée.
Seul,
peut-être, l’insignifiant martèlement d'un pas sur le pavé à
l’infini identique pour tenter de faire revenir la vie.
Christine
Larroque,
55 ans, vit à Toulouse. Après avoir été travailleur social, elle
est enseignante. Ses activités militantes la conduisent à
participer à des performances avec des artistes pour que l'art fasse
effraction dans l'espace public et y fasse entendre des voix trop
souvent inaudibles. Présente dans les n° 42, 43 et 44 de Lichen.
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