Sans titre
Elle. Au creux de rien. Elle racle le fond des viscères entortillés – gratte de son ongle malin. Ça chatouille de douleur et le cri déchirant du fond des âges déchire. Elle bat des paupières comme des papillons englués à sa peau qui cherchent à s'envoler. S'arracher. Les joues s'embrasent. Les mains veulent – inventer – des gestes impossibles.
Elle se lève et se dégringole. Elle se tient un instant sur le silence intense. Puis un pied. Le sol. Carrelage, terre, bitume, béton, sable chaud, herbe tendre, qu'importe, le sol, voilà, c'est tout, le sol, le bas, l'attraction universelle, ce qui la tient, ce qui la retient, ce qui l'ancre et l'empêche, ce qui la prive de se déplacer autrement – comme une algue une brise un frelon.
Là, elle se tient verticale, elle se soumet malgré elle à la loi de la gravitation.
Domptée par la loi du monde, elle.
Faite malgré tout d'organes, de chair, de sang, de fémurs et de tibias, de veines de cellules de.
Souffle. Vibration.
La lumière percute sa rétine et plus loin encore.
Elle s'ébroue.
Elle se fait écho.
Elle ouvre.
Céline Mainguy vit à Montpellier, où elle pratique le théâtre et le théâtre-forum dans une perspective de transformation sociale (changer le monde, en d'autres termes ...). C'est sa première apparition dans Lichen.
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