Orgie
Les murs sont partout
J’ai la fièvre
En attente, je m’enveloppe dans la matière épaisse du temps, des heures, elles s’écoulent
Mes yeux sont centrés, mes pieds veulent partir
Mes mains quittent, les bras se décollent lourdement de ma poitrine, je frôle mes jours avec curiosité,
appréhension,
envie
Le monde n’est pas à ma porte il est dans mon lit
Balance, oscillation, perfusion, percussion, éclat, retour
Ma peau est en équilibre, fureur funambule
Penchée, voûtée, mon milieu, mon pays, mon antre, oscille sur le seuil et attend la pluie
Mes nerfs sont terminés, ils fument de décharge en volutes qui exhalent et s’exilent par mes pores
La terre est sèche, et fume après l’orage
La visite du froid dans le chaud prend toujours par surprise, pour un temps la maison est louée
J’aimerais bien mettre des claques à des gens
Si ça pouvait aider à comprendre par exemple, mais non
Quand même c’est bizarre de désirer la violence
Court-circuit qui me survit, l’amour est nourrissant, à condition de manger équilibré
On a le plaisir de ses vagues à soi
Je naquis dans un éclat et gagnai le combat contre mes poumons, poissons plats bien décidés à se maintenir en forme
Palimpseste de sensations chuchotées à mon oreille, plafonds de verre qui n’en finissent pas d’éclater
Mon visage écorché se désolidarise des pensées qui font salon
Ras-le-bol du thé, l’amertume fatigue
L’écume se dépose sur la plage quand le voyage est terminé
Mon corps éclate entier sous la pression
Vibration de la base au sommet dans le profond
Je luis
Le train a quitté la gare
J’ai troqué mes vêtements, gants, mots de trop et gestes de pas assez
Pour me délecter au toucher de cette nouvelle peau.
Entre ici et ailleurs, bien ancrée ou hors sol, Céline Ferrand aime raconter des fictions brèves, essais, correspondance fantasmée, poèmes. En cherchant des mots et des phrases qui claquent comme le vent, elle essaie de rencontrer le tourbillon qui la traverse pour lui donner du corps et de la lumière, et espère trouver des choses qui, en la touchant, cartographient quelque chose dans la tempête d’autres. Parce qu’on est bien quand les essentiels se reconnaissent sans bruit en plein rue. Elle a publié des poèmes dans la revue Miroir. C'est sa première apparition dans Lichen.
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