Memento III
Tu effleures le temps de ton corps et tu meurs
déjà
tu perds à la fois les racines de ta vérité
et les tiges célestes de ton cœur géologique
toi qui meurs mon amour mon poème
toutes les tubéreuses, toutes les mandragores te saluent
te salutant
Ceux qui vont mourir te connaissent
ma mangue ma langue
faire crisser la lame contre ta peau si fine
est un viol
poésie
sous la robe palpite ta pulpe
sous la jupe on te sait lisse et nue et pure
et de la nacre frissonnante de ta chair
suinte une eau lacrymale
tu meurs le suc s’exprime
Morituri te salutant
Née en 1974 à Aix-en-Provence, Cathy Jurado a vécu au Maroc entre 2008 et 2012. Agrégée de lettres et animatrice d’ateliers d'écriture, elle vit aujourd’hui à Besançon. Sa poésie prend racine dans le lien avec l’enfance et la douleur, dans un rapport intime avec la peinture et la photographie. Mais la littérature est pour elle, par nature, éminemment politique. Elle souhaite faire de la poésie une arme par destination… qu’il s’agisse de réhabiliter les voix des marginaux et des fous (Nous tous sommes innocents, roman sur l’art brut), d’évoquer la question douloureuse des réfugiés (recueil Odyssée, à paraître aux éditions Musimot en 2020) ou du mouvement des Gilets jaunes (« Le poète est un boxeur gitan », dans Gilets Jaunes : jacquerie ou révolution ?, Collectif au Temps des cerises, septembre 2019). Son blog : https://vies-de-reina-nackt.webnode.fr. Présente dans les n° 50, 51 et 52 de Lichen.
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