Lettres du Danemark

  



Par Pierre Astan



10

Sous le voile d'une feuille de cerisier 

Scintille le dos d'un scarabée, 

Une rencontre que je respire, 

Dans l'immobilité soudaine du visible 

Corps et mémoire se dissipent  

Entre les arbres la lumière s'arrête. 

 

11

Clarté polie par la pierre 

ciel brûlant d´été 

Une maison les yeux ouverts sur l'intérieur 

D'où se détachent les couleurs du langage 

Cet accord circulaire où dansent tous les échos, 

Le bruissement de l'être par le trou de la serrure. 

 

12

Au-dessus de la plaine immense 

Un ciel pâle d´orage 

Hume l'odeur chaude de la terre, 

Les rayons d'un regard écrivent :  

La loi des images entre le nom et la chose, 

Le proche et le lointain quand se tait l'oiseau 

Là où le souffle et la source ne font qu'un.

Une écriture de cristal d'air et de lumière.


13

Le présent est infini  

Il passe sans jamais dire adieu 

Il est ce point où se constituent    

Les extrémités des univers vivants  

Où l´éternité se condense  

et vient se perdre — au-delà de toutes pensées

dans les reflets qui nous inventent

là où la lumière se fait immobile en nous.

 

 

 

Pierre Astan, poète, auteur d'origine française (Le poème prend rendez-vous avec l´espoir, éditions (Le Temps des cerises), est aussi professeur de français et d´histoire des religions à Copenhague. Présent dans le numéro 87 de Lichen.

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