Carte postale

 

Paul Bocognani



Les fraîcheurs noircies de mes anciens jours s’envolaient

Comme s’envolent les albatros

Incendiant en passant

Le parfum qui comble les ornières


Et le tout dernier matin

de toutes les mers


Le corps de mon enfance gisait sur un terrain vague


J’avais tant pitié de mon cœur tant

Que je voulais lui conter des histoires de peintres

Dont les oiseaux brisaient leur ciel de papier


Des histoires d’avions aux ailes de plumes

Et qui faisaient la ronde autour des lunes


Ma vie avait cette lueur qu'embrasaient les rêveries électriques

Je mangeais les heures sonnant à rebours aux clochers des

églises

J’avais au bout des doigts les regards obliques des ports de la

Méditerranée


Et je ne pouvais pas les pianoter tu sais

Parce que je suis si mauvais musicien


Au fond de mon cœur

Tremblait une fleur muette


Elle était si petite

Qu’elle flambait comme une comète


Et ma mémoire est un coffre en bois couvert de lichen



Paul Bocognani a été publié notamment dans les revues La PiscinePoésie/premièreSoleil Hirsute et Poétisthme. Présent dans les n° 74, 75, 84 et 85 de Lichen.



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