Pause surréaliste 4
une tortue cubique d'une inextinguible grâce et d'une élasticité d'esprit désarmante vient de croiser un drôle de zèbre juché sur les épaules de son meilleur ami et pendant que copains comme cochons les deux loustics s'évertuent à pédaler dans la choucroute le vélocipède à six soupapes excommuniés pour avoir perdu les clefs asiatiques poursuit son chemin par monts et par vaux durant au moins trois millions de secondes mais subitement un des six pneus du double tricycle laisse éclater sa colère noire qui vire ensuite au rouge vermillon ou vers Millau car la tortue conique bien installée dans son aviron natal fait la sourde oreille et plutôt que de prêter patte forte aux deux loustics gagnés par les tocs préfère ramer dans la rivière où tant d'eau a coulé sous les ponts pontificaux ou sous le pont d'Avignon sur lequel au crépuscule dansent les idoles païennes puis toute la nuit quand le quart de lune est bleue comme une banane mais tout a une fin et ainsi le rêve est parti et les festifs alliés naturels de la liberté n'en sont pas revenus ni la tortue devenue laconique et coite une fois arrivée à bon port quelque part entre la Canebière de Noël et la Cannes à sucre en poudre aux yeux qu'on jette afin d'éblouir un drôle de zèbre
Bernard Barraud, alias Bernard B., vit actuellement à Nantes. Marionnettiste de mots, il passe ses temps libres à ramasser les petits éclats silencieux de mots jetés par la fenêtre des idées qu'il publie sur la toile. Ses dernières créations, les « pauses surréalistes », sont des poèmes en prose écrits sans ponctème. A déjà publié dans diverses revues papiers et numériques, ainsi que sur sa page facebook et sur son blog (https://bernardbblog.wordpress.com/). Présent dans les n° 14 et 37 de Lichen.
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