Celui qu'on ne connaît pas
Quel est celui qui vient là
vêtu d'un corps de lilas
et de simple anonymat ?
L'homme étonne
il ne s'adresse à personne
ne répond pas aux marchands
néglige les gens, leurs trames
et les dames.
Sans un blâme
il règne — chacun l'acclame.
Il loge en cent bâtiments
où le silence bétonne
sa couronne.
Il dérobe son éclat
aux chanteurs de l'opéra
comme aux femmes aux beaux bras.
Le titre du potentat
son nom ne s'écrivent pas
le peuple est dans l'embarras
et marmonne.
Caché dans l'eau qui frissonne
dans les grottes au couchant
le nom, dans le feu, la flamme
calligramme.
Quel sésame
déchiffrerait, quel calame
tracerait, quel instrument
alignerait la colonne
des consonnes ?
Que tourne le mandala
le sang éclaboussera
Le nom qu'on ne connaît pas.
Toujours — c'est à dire depuis les récitations apprises à la petit école — sensible et attachée à la poésie, Annie Hupé n'a pas cessé d'apprendre par cœur (même si ça devient plus difficile). Elle n'a commencé à écrire que fort tard, après avoir croisé les pratiques de l'Oulipo. Exercices ! Dans Lichen, c'est la « Grange aux mots et l'Atelier qui l'ont attirée. Elle a été publiée dans diverses revues, régulièrement dans Traction-Brabant. Présente dans les n° 41, 44, HSC, 51 et 57 de Lichen, et à l'Atelier du don de mots depuis le n° 38.
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