Annie Hupé

 

Celui qu'on ne connaît pas

 

Quel est celui qui vient là

vêtu d'un corps de lilas

et de simple anonymat ? 

 

L'homme étonne

il ne s'adresse à personne

ne répond pas aux marchands

néglige les gens, leurs trames

et les dames.

 

Sans un blâme

il règne — chacun l'acclame.

Il loge en cent bâtiments

où le silence bétonne

sa couronne.

Il dérobe son éclat

aux chanteurs de l'opéra

comme aux femmes aux beaux bras.

 

Le titre du potentat

son nom ne s'écrivent pas

le peuple est dans l'embarras

et marmonne.

 

Caché dans l'eau qui frissonne

dans les grottes au couchant

le nom, dans le feu, la flamme

calligramme.

Quel sésame

déchiffrerait, quel calame

tracerait, quel instrument 

alignerait la colonne

des consonnes ?

 

Que tourne le mandala

le sang éclaboussera

Le nom qu'on ne connaît pas.

 

 

 


Toujours — c'est à dire depuis les récitations apprises à la petit école — sensible et attachée à la poésie, Annie Hupé n'a pas cessé d'apprendre par cœur (même si ça devient plus difficile). Elle n'a commencé à écrire que fort tard, après avoir croisé les pratiques de l'Oulipo. Exercices ! Dans Lichen, c'est la « Grange aux mots  et l'Atelier qui l'ont attirée. Elle a été publiée dans diverses revues, régulièrement dans Traction-Brabant. Présente dans les n° 41, 44, HSC, 51 et 57 de Lichen, et à l'Atelier du don de mots depuis le n° 38.

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