Annie Hupé

 

Silence

Part muette d'échange avec quoi j'affabule
le monde : bouquet de preuves, jonchée fugace.
Pauvre chant déjà moins vagabond qu'effacé, 
j'y fuis mot clinquant, trop bavard, aigri, hâtif.
Berge d'où joue parfois la chétive musique
du poème herbager, 
vois le jaunet fol qui va, 
galopant, affranchi jusqu'au bout du mur.

 

Pidgin

 

Farouche, j'avise un domestique bengali.

À ce sot bavard mal fagoté, je ne reproche que

sa familiarité qui préjuge un vice prohibé.

Bas oral de marché, inventé, au pif, chaque jour, 

galoche d'éloquence, sampot verbal face au joug...

Mais à l'apogée, j'évoque le tardif bichlamar.

 

 




Toujours — c'est à dire depuis les récitations apprises à la petit école — sensible et attachée à la poésie, Annie Hupé n'a pas cessé d'apprendre par cœur (même si ça devient plus difficile). Elle n'a commencé à écrire que fort tard, après avoir croisé les pratiques de l'Oulipo. Exercices ! Dans Lichen, c'est la « Grange aux mots et l'Atelier qui l'ont attirée. Elle a été publiée dans diverses revues, régulièrement dans Traction-Brabant. Présente dans les n° 41, 44, HSC et 51 de Lichen, et à l'Atelier du don de mots depuis le n° 38. 

 

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