Anne Barbusse

 

Un avril (extrait 2)

 

dans la maison

les sureaux pleins de feuilles grands drapeaux touffus dans le vent

les cerisiers de fleurs passées presque et de feuilles ajoutées

tout le jaune vert pour des tendresses végétales

toute ma fragilité dans l’éveil chanté de la nature 

la vallée de l’Eure s’enfonce dans la terre et creuse une courbe longue

sinueuse la vitesse sur la route la voiture

nous sommes lancés dans le monde toutes brides abattues

je passe dedans sans y être

le monde est mais ne m’accorde pas le creux de ma place

où poser mon corps dans la mouvance des choses qui sont

 

°

 

où en sont les arbres

dans la poussée des feuilles

– chaque jour chaque matin qui m’est offert

j’examine

la claire montée de la chair des feuilles tendres

et je m’étonne

de tant de persévérance à être là

de tant de patience pure

 

°

 

que savons-nous

les plus grandes beautés sont dans la nature

les autres les nôtres – des imitations attrayantes

mais l’odeur suave et sucrée de toutes les fleurs peintes

qui l’inventera

 

 




Anne Barbusse a publié des textes dans les revues ArpaLe capital des mots, Sitaudis, Comme en poésie, Terre à ciel, CabaretRecours au poèmeTraction-Brabant et Nouveaux délits. Présente dans les n° 58 et 59 de Lichen.

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