Un avril (extrait 5)
noire la terre
lourde et humide et froide
au fond
planter pour que cela pousse
y croire
et vaquer à sa vie
– ne pas attendre mais
laisser faire
°
le lilas dort dans son bouquet
il ne dit rien
et nous mentons pour les plantes
affublant le printemps du mot joie et l’hiver
de toute peine – de quel droit
lisons-nous le monde à l’aune humaine
la vie de l’arbre n’est pas vie d’un homme
et l’univers de la planète est univers en deçà
de la pensée striée et mortelle – mais les lilas
fécondent des phrases
et nous y décelons des parfums-musiques
volant dans la brise fraîche
volant dans le pourtour d’avril
°
les plantes poussent le temps par devant elles
à grandes enjambées avril traverse les espaces
les feuilles foncent dans l’univers
grandi
des lourdeurs bruissent telles des silences
si hauts dans le ciel que
les herbes fendent le cœur-espace
Anne Barbusse a publié des textes dans les revues Arpa, Le capital des mots, Sitaudis, Comme en poésie, Terre à ciel, Cabaret, Recours au poème, Traction-Brabant et Nouveaux délits. Présente dans les n° 58, 59, 60, 61 et 62 de Lichen.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire