Anne Barbusse

 

Un avril (extrait 5)

 

noire la terre

lourde et humide et froide

au fond

planter pour que cela pousse

y croire

et vaquer à sa vie

– ne pas attendre mais

laisser faire

 

°

 

le lilas dort dans son bouquet

il ne dit rien

et nous mentons pour les plantes

affublant le printemps du mot joie et l’hiver

de toute peine – de quel droit

lisons-nous le monde à l’aune humaine

la vie de l’arbre n’est pas vie d’un homme

et l’univers de la planète est univers en deçà

de la pensée striée et mortelle – mais les lilas

fécondent des phrases

et nous y décelons des parfums-musiques

volant dans la brise fraîche

volant dans le pourtour d’avril

 

°

 

les plantes poussent le temps par devant elles

à grandes enjambées avril traverse les espaces

les feuilles foncent dans l’univers

grandi

des lourdeurs bruissent telles des silences

si hauts dans le ciel que

les herbes fendent le cœur-espace

 

 






Anne Barbusse a publié des textes dans les revues ArpaLe capital des mots, Sitaudis, Comme en poésie, Terre à ciel, CabaretRecours au poèmeTraction-Brabant et Nouveaux délits. Présente dans les n° 58, 59, 60, 61 et 62 de Lichen.

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