Mia Hansen Love
avec un tel nom comment poser sa caméra à fleur de terre
dans une île déjà filmée par un maître
comment arrimer le corps aux douleurs d’amour
sinon en plein été entre champs et arbres sinon
en filmant la création féminine
(la mère manque de son enfant, la femme
doute de son écriture, mais le mari très sûr de lui
lui suggère alors
de faire autre chose)
alors elle déploie son film dans le film
sa mise en abîme de la souffrance
face au maître aux neuf enfants de six femmes différentes
(n’a été que cinéaste, jamais père)
après avion voiture ferry attend son enfant
malgré le cinéma
malgré la création et le cinéma et la nature première
la femme crée différemment de l’homme
plus intérieure plus
féconde – dans l’île transformée en Bergman safari et
l’hypocrisie des winners
elle esquisse un pas de côté léger et grave, baigné d’été
dans la matrice du cinéma et de la mer
A propos de Bergman Island, Mia Hansen Love, 2021.
Anne Barbusse a publié des textes dans les revues Arpa, Le capital des mots,Sitaudis,Comme en poésie, Terre à ciel, Cabaret, Recours au poème, Traction-Brabant et Nouveaux délits. Présente dans les n°58, 59, 60, 61, 62, 63, 75, 76 de Lichen.
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