Ambroise Masson

 

Nous n’avons pas de pieds

 

Nous n’avons pas de pieds

Pour nous porter sur nos vastes carcasses

Des tissus se détachent de nos habits de messe

Et traînent sur les flancs des allées sans feuillages

À la façon des chiens, nous aboyons le soir

Pour susciter en nous des remous moins étranges

Et les vagues s’amassent.

Nos cris n’ont pas d’écho

Que le bruit long de la mer inusable

La grande raboteuse a rongé notre grève

La pente de nos jours prend des inflexions

Inconnues d’autrefois, c’est-à-dire d’hier

Quand les arbres savaient que tout est identique

Pourvu que l’on s’empêche.

Au premier des matins

L’homme habitait la terre des sages

Mais quand viendra la fin, qui peuplera nos rêves ?

Nous débitons des litres et des monts de parole

Nous sommes des lointains même pour nos parents

Et le peu qu’il faut dire nous ne le disons pas

Faute de sentiments.

 

 



 

Ambroise Masson a 25 ans et vient d'Auvergne. Ses études l'ont vu alterner entre la sociologie, l'histoire, le commerce et les relations internationales. Elles l'ont surtout amené à voyager sur les cinq continents à pied, en train ou à moto. C'est à Saïgon qu'il s'est mis en tête de revenir à la poésie. En 2019, il a reçu une mention spéciale par le jury du concours Poésie en liberté et a été publié dans l'anthologie 2019 parue aux Éditions Bruno Doucey. Fraîchement diplômé et revenu en France, il a débuté un travail de consultant en organisation à Paris en janvier 2020. Présent dans les n° 58 et 59 de Lichen.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire