Ambroise Masson

 

Le premier des matins

 

Comme un lys attentif à la tortue qui croasse

Je m’éveille

Je tends l’oreille

Je prends ma gourde de potasse

Des abeilles rayonnent et s’activent à la ruche

Aux 144 serrures

Qui forment le toit d’une cathédrale

Dame nature

Conserve un plein trousseau

Des clés

Trois encablures

Ont crié : « Prenez garde ! »

Et je sens la piqûre

Du premier des matins. 

 

 

Apothéose

 

3 000 fanfarons contournent par le centre la cheminée noire et grise d'une vaste éprouvette. Coude à coude, goutte à goutte, chacun s'élance, comme pris d'une transe sèche, toute imbibée de la solitude amère d'un destin trop céleste.

Fanfaron trop coupable d'avoir erré la nuit, le jour accouche lentement des débris sanglotant de cette vie tardive. 
Tu maudis cet enfant déjà souillé d'un sang si pur. Son sourire étranger caresse avec horreur la coupe débordante et livide toute ruisselante d'une absence vertueuse.

Le râle à sa façon est un soupir tremblant.

 

 





Ambroise Masson a 25 ans et vient d'Auvergne. Ses études l'ont vu alterner entre la sociologie, l'histoire, le commerce et les relations internationales. Elles l'ont surtout amené à voyager sur les cinq continents à pied, en train ou à moto. C'est à Saïgon qu'il s'est mis en tête de revenir à la poésie. En 2019, il a reçu une mention spéciale par le jury du concours Poésie en liberté et a été publié dans l'anthologie 2019 parue aux Éditions Bruno Doucey. Fraîchement diplômé et revenu en France, il a débuté un travail de consultant en organisation à Paris en janvier 2020. C'est sa première apparition dans Lichen.

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