tu sais tout ce qui escalade le corps il y a cela. tout ce
qui remonte le long des vertèbres tu sais. il y a que les pierres essaiment
derrière la langue et ses sombres. il y a que tout essaie. il y a un gouffre
qui s’étend d’une main à l’autre tu sais. sans un bruit tout en-deçà tout ce
qui contient tout. faut-il encore un silence à l’autre bout du silence tout
en-deçà faut-il. que les mots cessent comme les déserts puisque. ce n’est pas
un nom pas. un lieu pas même un creusement dans. l’attente vide et comme
tremblée dans les os ce n’est pas ça. puisqu’il y a tout le reste qui fait
centre ce n’est pas ça. puisque tu n’es pas un mot. puisque je n’ai plus la
patience des siècles et des étendues liquides. il n’y a plus que ce texte il
n’y a plus rien maintenant. ce n’est pas ça je cherche encore tu sais. ce que
peut être cette innocence dans la langue et ses combes ce n’est pas ça. si tout
s’arrête penses-tu encore. penses-tu à la lente dérive de ton sang penses-tu.
aux frictions de tes os. à la tension de tes tendons penses-tu. aux entrelacs
que tes nerfs. tiennent si ce n’est pas ça tiennent si. le centre de ce rien
qui contient tout. fait une vie pourtant ce centre fait une vie penses-tu
seulement à cela. l’oses-tu.
maintenant que je cesse comme les déserts maintenant.
que les tremblements longent.
les mains les bras que ça creuse.
les os que les rivières remontent.
leurs sources maintenant qu’il n’y a plus.
rien en-deçà de la langue.
oses-tu refuser ce rien refuser.
tout ce que contient ce rien.
qui contient tout. qui.
tu ne le sais plus.
en-deçà de toi-même ce qui tremble penses-tu au reste aux.
mots qui se déroulent penses-tu qu’écrire. n’est pas écrire je n’ai plus cette
innocence seulement. tout le reste qui escalade les vertèbres. tout le reste
non n’est plus écrire. nom.
Né en 1988 à Nancy, Yannick
Torlini est poète et explorateur de la malangue. Il écrit des textes avant
tout. Travaille la langue autant qu'elle le travaille. Ne sait pas où il se
trouve. Travaille. Travaille souvent. Écrit contre l'angoisse et le désastre.
Écrit parfois pour. Ne sait pas où il se trouve. Ne sait pas. Travaille à ne pas
savoir. Imagine quelque chose de lyrique. Ne sait pas où il se trouve. N'y
travaille pas. Publie : La nuit t’a suivi (éditions
Isabelle Sauvage), Seulement la langue seulement (Dernier
télégramme), Tout tient (éd. Littérature mineure), Rien(s) (Al Dante), Tu voudrais ton
corps avancer (éd. Derrière
la salle de bains), Nous avons marché (Al Dante), Camar(a)de (éditions Isabelle Sauvage), Tandis que ( Derrière la salle
de bains). Participe à des revues : Doc(k)s, Ouste, N47, Mouvements, ATI, Contre-allées, Art
matin, Boxon, Phoenix, Place
de la Sorbonne, Dissonances... A encore beaucoup à écrire. Son site :
http://yannicktorlini.wixsite.com/yannick-torlini. C'est sa première apparition
dans Lichen.
Une écriture fiévreuse."Cette innocence dans la langue et ses combes". J'aime beaucoup.
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