Ancêtres
Mes ancêtres portaient des lunettes fumées
Aux yeux clairs
En souvenir de la mer
Dans la cour d'une ferme
De harengs accrochés
Aux yeux clairs
En souvenir de la mer
Dans la cour d'une ferme
De harengs accrochés
Mes ancêtres m'appelaient le prénom de mon père
Chuintaient ma langue
Déjà disparue
Aux yeux clairs
Alors de retour au pays ?
Dans le verre fumé d'une boulangerie
Chuintaient ma langue
Déjà disparue
Aux yeux clairs
Alors de retour au pays ?
Dans le verre fumé d'une boulangerie
Mes ancêtres prenaient des têtes d'enfants dans leurs mains
Les baisaient goulûment
Aux yeux clairs
Comme des brioches
Les baisaient goulûment
Aux yeux clairs
Comme des brioches
Un jour à douze ans
Les feraient fumer
Derrière leurs lunettes
En souvenir de la mer.
Les feraient fumer
Derrière leurs lunettes
En souvenir de la mer.
Raphaël Rouxeville a étudié et enseigné les lettres
modernes. Originaire de Normandie, il vit dans la Nièvre depuis dix ans. Né en
1971, l'écriture poétique lui est tombée dessus tardivement, sans crier gare
(ni rien d'autre), à partir de 2015. En 2017, certains de ses poèmes ont été
publiés par Terre à ciel et Le Capital des mots. Une publication est attendue dans la revue Décharge. Présent dans les n°s 19 et 20
de Lichen.
La magie des vitres fumées. J'aime particulièrement l'image des baisers goulus sur les enfants/brioches !
RépondreSupprimerMerci Colette ! Ce poème s'est construit sur un authentique matériau autobiographique que s'amuse à déconstruire, à triturer la langue. Les baisers goulus, j'en ai reçu et c'était bien !
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