Marianne Braux



Transport 

                                                                      à Benjamin Milazzo,


Sur le porche devant la maison :
Un bain de jasmin
Pour mille oiseaux. 
J’en respire les effluves sonores, m’accroche 
À leur envol venu et bientôt  
Nu, mon corps s’allonge 
Et traverse ma peau 
Pour nager parmi eux, n’être 
Plus qu’un vent de printemps 
Et se couvrir de l’or
Blanc que, de la fenêtre, je vois encore là-haut.


Pour y prendre feu.


Vie intégrale

Tout m’attire, me prend la main vers l’horizon
telle une amie impatiente
de me montrer la vue que l’on a depuis son balcon
sur la vie nue sans autre vis-à-vis que la plaine et le ciel.

Là, l’une et l’autre pareils
se renvoient la balle en chaque point de leur surface endormie ;
à terre, les étoiles ont quitté leur très haut lit, ce miroir, 
pour vivre ici la vie intégrale.

Ô poésie, qui jettes sur la raison veule ta fine poussière, 
ô magie des mots seuls,
sans toi la vie vécue se sépare d’elle-même
et se nie ;
poésie, qui sais joindre les bouts (en écartant les lèvres)
Tu rassembles le monde autour des cœurs amènes ;
Fille de l’étonnement, ma sœur, tu donnes tout.








Marianne Braux est doctorante en littérature française, à l’université d’Adélaïde en Australie où elle vit depuis quatre ans. Ses recherches lui ont ouvert un monde, auquel elle tente de contribuer par l’écriture. Présente dans les n° 17, 18, 20, 21 et 23 de Lichen.

3 commentaires:

  1. Vos images sont d'une envoûtante sensualité...très "touchante".

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  2. Titres si bien choisis (ou vous sont-ils venus d'eux-mêmes si l'on peut dire, imposition libre ?)
    Mais l'espace manque, beaucoup à dire sur le reste. Cette accession, par un phrasé ample et simple, à la poésie configuratrice. Tenez,permettez que je recopie dans mon carnet "Ô poésie... "jusqu'à la fin, y compris donc l'alexandrin si beau, si généreux, de ce passage.

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  3. Super vie intégrale. Une vibration qui monte vers le ciel.

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