Le bocal des conserves


« Le bocal des conserves » est la nouvelle dénomination de la rubrique « Protection des espèces en voie de disparition ».

Le verbe « rassoter » a inspiré à notre amie Joëlle Pétillot ce serpentin sonnet :
« Je t'aime tellement que j'en deviens manchote
Toute assotée d'extase, pétrie d'admiration
Je t'aime tellement que j'en deviens falote
Prosternée, à genoux, vautrée de soumission
Bébête, pétrifiée, et quand je te bécote
Cocolle insupportable, cet amour éperdu
Figé de dévotion me confit, me rabote
Me voici rassotée, rien qu'à dire ton nom
J'ai bien dit :"rassotée". Quoi, tu ne comprends pas ?
Épithète, attribut, il sonne assez joli
Et rend au demeurant plutôt bien mon émoi
Oui monsieur, tu m'assotes, et me berces, et me ploies
Rassotée je demeure, et pour toute ma vie
Je garde en mon dico ce mot de toi à moi. »

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Frédéric Massardier m'écrit : « Puisque je "consulte et apprécie" votre revue en ligne, je me livre au don du mot en vous signalant le vocable suivant issu de la région dont je suis originaire et où je ne vis plus (la ville de Saint-Étienne et ses environs) : le verbe pichorgner. Pichorgner, c'est chipoter au-dessus de son assiette, manger à peine et sans appétit. « Tu pichorgnes ! », reprochera-t-on à un enfant qui fait le nez sur ses épinards et son filet de colin. »

NB : Je me suis permis de détourner ce don de mot de sa destination et de l'orienter vers le "bocal". Personne ne m'en voudra ? (Guillemet) 

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Annabelle Gral nous fait l'éloge du papier pelure :
« Gainsbourg n'en avait pas parlé. Régine ne l'avait pas chanté. Le papier pelure, c'est ce papier fin et translucide destiné à recueillir l'écriture sous le carbone, et aussi à alléger le poids des archives. Tant de reçus, de factures, de courriers a-t-il permis de conserver dans les classeurs des bureaux d'antan. 
À l'heure de la dématérialisation des documents, des plus importants aux plus futiles, il ne reste au papier pelure que le pouvoir d'intéresser les amateurs d'Espèces en voie de disparition... Ceux encore capables d'aimer son parfum poussiéreux et son toucher fragile, presque voisin du papier de missels, le papier bible.
En fouillant les étagères d'un bric-à-brac à la recherche de … vieux papiers, j'ai un jour fait la découverte et l'acquisition d'un registre délabré où ne restaient plus que les doubles des pages numérotées. Dans les années 1910, ces pages pelures avaient permis à un compositeur de conserver les copies des lettres qu'il adressait régulièrement à son éditeur de musiques. De la musique pour théâtres et music-halls. Alors, laissons parler les petits papiers ! »

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Et Valérie Baudet propose « le verbe barguigner qui signifie marchander longuement. »

7 commentaires:

  1. Les dames semblent plus enclines à la conserve que les messieurs. Merci Joëlle d'avoir sacrifié à la forme classique pour alimenter joliment la rubrique. Bien vu Élisée, on ne va pas pichorgner sur la proposition du Stéphanois, d'autant qu'il sera facile de la placer dans un texte. Quant aux pelures de La Gral, on s'en ferait bien un velouté.

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  2. ça exalte les papilles poétiques, ce bocal de raretés...

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  3. OUuaahh ! Des alexandrins… Bravo Joëlle, c'est inventif et rigoureux comme un sonnet.

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  4. Oh! j'ai oublié dame Valérie. Barguigner est un joli mot qu'il faut sauver, bien sûr. Je rappelle que c'est la fonction d'origine de cette rubrique. Pas seulement conserver mais faire vivre.

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  5. ... Donc ne barguignons pas (second sens, familier : hésiter), faisons-les naviguer joliment de conserve dans le vaste bocal...

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  6. pichorgner je ne connaissais pas ; tres évocateur en tous les cas ! Merci

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  7. Très joli poème de Joëlle Pétillotte, comme souvent!

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