Anouch Paré


Un temps trop tôt (suite : 3 à 6)

"Laisse-moi me convaincre de l'éphémère qui enchantait hier ses yeux" (6)
de En trente-trois morceaux, René Char

 (un peu pour K dans tous les cas)

3.
au ventre palpite grondante
la vie tenace
un hoquet la décapsule

l'oubli menace

5.
Et le rêve en fin nu n’est qu’un fichu squelette

6.
celui-ci n'a pas plus besoin
de moi
que le vent
des voiles

pourtant je tenterai bien
de voguer
quelle que
soit                      la mer

4. Nin’

pour toi, Nina

« Crois-tu, toi que ton ombre dépasse, que les vignes tortueuses ont toujours poussé vin ? Crois-tu que les arbres légers et durs s’accordent en violons ? Crois-tu encore que la biche caressante s’étire déjà dépecée aux étales ? Crois-tu que le bourreau, enfant, chantonnant tranchait des têtes ? » Elle posa les questions et détala, talons aux fesses, les sandalettes à la main.







Depuis ses 6 ans, Anouchécrit, plus ou moins, mais toujours en douce — parfois compulsivement. Petits cailloux désirant sur une route s'élargissant — brute. Depuis une dizaine d'années, plus précisément pour des voix : en scène (pour laquelle est également metteure en scène et comédienne) et actuellement pour la radio. Écrit en français parce que c'est sa langue natale, ignorant tout de sa langue maternelle — ce qui invite à ronger jusqu'aux racines des mots. Sinon, une enfant déjà grande, un chat toujours roux, des amis et un homme fêté tant bien que mal, dans un monde grand qui rapetisse à mesure qu'il se coupe les ailes et se marie au plomb et au ciment armé. Présente dans les n°s 14, 15, 16, 18 et 20 de Lichen.

3 commentaires:

  1. je n'ai qu'un fichu silence à offrir....

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  2. c'est sur la neige qu'on écrit le mieux, en même temps...

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  3. Sous la langue du yak fond le silence, même pas contraire

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